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Cheval stressé en balade : et si c’était le vent ?

Bonjour !
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Le vent et le cheval : expérience

Quelques semaines après avoir choisi Oural comme compagnon de balade, on est parti en balade avec mon chéri un jour de météo pas terrible comme ça peut arriver à Rambouillet. Ciel gris, quelques averses et surtout quelques rafales de vent. C’était la fin de l’hiver. C’est ce jour-là que je me suis rendue compte assez vite que le vent rendait nerveux Oural. Il chauffait, il avait les oreilles dressées comme des i, attentif au moindre bruit. Sa sensibilité était exacerbée.
Chaque cheval va avoir ses zones de crainte et de nervosité, il peut y avoir par exemple la peur des voitures ou encore la peur des chiens.
On a travaillé ensemble là-dessus, et ça s’est réglé en quelques semaines.
Trois ans après, nous voilà en Provence avec le mistral (qu’on appelle aussi le vent fou)  qui aime s’inviter dans nos balades et tout va bien depuis des années.

L’objectif de cet article est double : 

  • j’avais envie de m’interroger sur le pourquoi de cette sensibilité au vent chez beaucoup de chevaux
  • et de vous partager comment avec Oural on a apprivoisé les facéties du vent.

Comprendre son cheval

Le cheval est une proie dans la nature.

On regarde souvent le comportement du cheval avec notre prisme d’être humain. On n’y peut rien et je le fais aussi. Mais pourtant le cheval n’a pas la même perception des choses que nous. 

Le cheval est une proie et ses sens sont différents des nôtres, adaptés à sa place de proie dans la nature.

Sa principale défense est la fuite, une fuite rapide devant le danger (décidée rapidement grâce à ses sens très développés et rapide grâce à la vitesse de son galop). Et : 

  • pendant notre balade nous lui demandons pourtant de continuer à avancer,
  • se pose la question de comment fuir le vent : ce souffle invisible, ce possible ennemi fantomatique ?

Les sens du cheval

Le cheval scrute les alentours et engrange des informations grâce à : 

  • ses oreilles qui perçoivent des fréquences plus élevées que les nôtres (les jours de grand vent on peut d’ailleurs observer et voir qu’elles bougent beaucoup plus souvent que des jours sans vent)
  • ses yeux mais il faut se souvenir qu’il ne voit pas derrière lui et juste devant lui
  • ses narines avec un odorat fin et sensible.

vent et balade à cheval

Cheval stressé en balade : les effets du vent 

Le vent va agir comme un amplificateur et un transformateur de bruits et d’odeurs.

Le vent modifie la nature

  • il a le don de donner vie à un champ d’herbes hautes, aux feuilles sur les branches qui se mettent à bouger au rythme de ses rafales
  • il peut faire s’envoler des feuilles mortes ou (triste) des sacs plastiques

Le vent crée différents bruits (et certains peuvent d’ailleurs nous surprendre nous aussi) : 

  • le bruit du vent lui-même (un murmure doux, un rugissement profond presque animal, un sifflement aigu ou une lamentation déchirante) qui peut masquer d’autres bruits que le cheval aimerait pourtant entendre pour comprendre son environnement
  • il fait craquer une branche ou battre les herbes entre elles 
  • des bruits que nous n’entendons pas mais que le cheval entend.

Petit exemple en vidéo où je vous ai capturé le bruit des rafales de vent.

Le vent est aussi un amplificateur et/ou un perturbateur d’odeurs pour le cheval : il lui apporte sans doute beaucoup d’odeurs à traiter en même temps, qui même si elles sont lointaines peuvent le rendre nerveux.

Bref, un jour de vent, c’est la nature toute entière qui s’anime et peut brouiller les sens.

On comprend mieux pourquoi un cheval peut se sentir vulnérable en temps venteux.
Alors, comment le rassurer ?

Apaiser un cheval nerveux par temps venteux 

Donner à son cheval la possibilité de vivre en extérieur

Un cheval est un animal, il est né pour vivre dehors. Quand on monte en extérieur (mais je pense dans toutes les disciplines), avoir son cheval au pré ou dans un grand paddock est une solution à énormément de problèmes.
C’est vrai pour la question du vent et des chevaux et c’est logique.
Un cheval au pré ou en paddock va être plus habitué au vent : à le sentir, à voir des branches bouger, à la différence d’un cheval en boxe qui aura peut-être la chance de voir des feuilles bouger de son boxe mais pas sûr.
Avoir son cheval dehors va permettre de l’habituer au vent sans qu’on ait rien à faire. C’est une affaire entre le vent et le cheval.

Cheval stressé en balade : le travail en main pour progresser

Partir avec son cheval faire une petite balade à pied, juste en licol est je trouve toujours une bonne idée. Pourquoi ne pas essayer un jour où le vent souffle un peu pour commencer à travailler pendant un court moment la relation au vent ?
On pense à réconforter, à féliciter, à rassurer, à caresser et à récompenser aussi avec quelques carottes. 

Cheval stressé en balade : le lâcher en liberté avant de partir

Dans un rond de longe ou une carrière, on laisse le cheval se défouler et s’habituer à l’extérieur et au vent avant de partir en balade.

Cheval stressé en balade : associer au vent un petit bonheur

Emmener son cheval brouter un jour de vent est une autre option à envisager : 

  • on travaille le relation entre le cheval et le cavalier dans un moment simple
  • le cheval pense à autre chose en broutant et se régale.

Cheval stressé en balade : prendre l’habitude de sortir par temps venteux

Pour réussir à apprivoiser le vent à cheval, il n’y a pas 36 solutions, il va falloir partir en promenade quand il y a du vent.
Au départ, on se choisit un objectif assez simple, qu’on peut augmenter au fur et à mesure. Quelques exemples d’étapes : 

  • une balade courte de 45 minutes en terrain connu un jour où il n’y a pas trop de vent (des chemins qu’on connait par coeur)
  • refaire la même balade un jour de plus grand vent 
  • partir 1h30 un jour où il n’y a pas trop de vent et en terrain connu
  • partir 1h30 un jour où il n’y a pas trop de vent sur des chemins qu’on connaît moins.

C’est ce que j’ai fait avec Oural et ça a bien fonctionné pour nous deux. On y est allé progressivement en prenant notre temps.

En gros on peut jouer sur trois critères pour varier

  • notre connaissance des chemins (connaissance extrême ou connaissance moyenne ou moindre)
  • le temps passé
  • le degré de vent.

Occuper l’esprit du cheval 

Il y a un quatrième critère dont on pourrait parler c’est l’allure. À quelle allure faire ces balades ? Faut-il rester toujours au pas ? Le trotting est-il une bonne idée ? Et le galop ?

Au début, le pas est une bonne allure. Elle permet de prendre son temps, de se détendre tout en étant attentif à l’environnement. Mais vouloir rester au pas coûte que coûte peut être aussi une mauvaise idée. Cela va vraiment dépendre du cheval et de son mood du moment. 

Le trotting est une solution géniale pour mettre le cheval au travail et lui faire un peu oublier qu’il est regardant sur le vent. Un cheval nerveux, fébrile, peut s’apaiser après un trot de plusieurs minutes qui va lui permettre de se dépenser et de penser à autre chose.
Pour le galop les jours de vent quand on a un cheval qui n’est pas serein avec le vent, mieux vaut reporter et en rester au pas et au trot. On travaillera au galop plus tard, quand le pas et le trot au calme un jour de vent sera acquis.

trotting un jour de vent

Cheval stressé en balade : le pouvoir des rênes longues

Dans une situation un peu stressante, en tant que cavalier, on a souvent le réflexe de reprendre les rênes comme pour essayer de reprendre le contrôle en quelque sorte. Et c’est souvent contre-productif. Si le vent stresse notre cheval et qu’on reprend les rênes, on le prive de son mouvement de tête et d’encolure qu’il a rênes longues (possibilité de regarder un peu à droite, à gauche pour se rassurer seul) et on lui envoie un message qui peut être stressant : il est en train de se passer quelque chose, c’est le moment d’être sur ses gardes et c’est peut-être dangereux.

Le graal du second cavalier dont le cheval n’est pas embêté par le vent

Pour calmer et habituer un cheval un peu sur l’œil les jours de vent, c’est top aussi. On sort à deux ou trois et les chevaux des autres cavaliers n’ont pas ou plus (ou savent en tout cas gérer) cette sensibilité au vent.
Le groupe peut vraiment rassurer le cheval qui est avant tout un animal grégaire. Encore faut-il que ce soit un groupe avec des chevaux calmes. Si les chevaux sont tous énervés, ça peut être totalement contre-productif donc il faut bien choisir avec qui on part.
On pourrait dire : mieux vaut partir seul que mal accompagné si vous voyez ce que je veux dire.

Cheval stressé en balade : être un cavalier rassurant et détendu

C’est l’élément le plus important avec le lieu de vie du cheval (pré, paddock : en extérieur) à mon avis.

Même si le vent ne nous enchante pas et peut nous énerver ou nous stresser nous aussi, il va falloir garder ses sentiments pour soi pour ne pas les communiquer à son cheval (sinon c’est un cercle vicieux qui démarre : tu es tendu, je suis tendu, on est tendu). Les chevaux ressentent les émotions de leur cavalier.
On est un peu comme un capitaine de bateau ou le gardien d’un phare. On est là pour naviguer, diriger, éclairer.

L’idée est donc : 

  • d’être attentif à son environnement et aux réactions de son cheval
  • d’être calme et confiant
  • de respirer tranquillement, calmement
  • de caresser pour rassurer et féliciter
  • de parler pour rassurer et féliciter avec un ton calme et rassurant (oui je sais j’insiste sur certains mots mais ils sont tellement importants)
  • de mettre en sourdine son stress ou sa tension pour ne pas la communiquer à son cheval.

L’objectif étant le suivant : montrer au cheval qu’avec nous il est en sécurité. 

Être cavalier c’est savoir se remettre en question et accomplir un vrai travail sur soi-même, le graal étant d’essayer de trouver cet équilibre entre calme, sérénité et une réelle attention pour savoir être réactif si besoin et décider si à cet endroit précis il y a un potentiel danger.

Cela veut parfois dire rebrousser chemin… Il n’y a pas trop de rapport avec le vent, mais il y a quelques semaines, on explorait avec Oural de l’autre côté de la rivière et à un moment donné, au milieu du chemin je vois un pont avec des cylindres au sol. Première fois que je vois ça en balade, on s’approche avec Oural pour regarder et voir si on peut passer ou pas. Et franchement ce que j’ai vu ne m’a pas plu. ça m’a paru dangereux et j’ai su qu’il fallait rebrousser chemin. Autant dire qu’Oural a senti direct que quelque chose n’allait pas : est-ce que c’était à cause de moi ? Est-ce que c’était lui ? Sans doute un mélange des deux. Bref, on a rebroussé chemin et en rentrant j’ai cherché le nom de ce machin. C’était un passage canadien pour éviter aux gros animaux de passer.

Je ne vais pas faire passer à mon cheval un endroit qui me semble dangereux. Je veux le tenir éloigné du danger alors là je ne passe pas. Donc il y a cet équilibre aussi à trouver : quelle est notre limite, quelle est notre définition du danger ? Et là on voit que monter à cheval devient vraiment philosophique.

Choisir de rebrousser chemin à certains moments montre aussi à son cheval qu’on est là pour assurer sa sécurité et ne pas prendre des risques inconsidérés. Je ne sais pas ce que vous en pensez ?

Il faut se faire confiance et cette confiance elle s’acquiert au fur et à mesure, et elle peut se fissurer à n’importe quel moment, à nous de la consolider la fois suivante, et encore la fois d’après, et encore, et encore.
Et c’est en se faisant confiance que notre cheval va apprendre à nous faire confiance et à se sentir en sécurité avec nous. C’est un travail sur le long terme. Des semaines. Des mois. Des années. 

Savoir rester en sécurité 

Ce n’est pas parce qu’on travaille l’acceptation du vent en balade avec son cheval qu’il faut sortir par tous les temps : on a vu plus haut qu’il fallait proposer au cheval des choses d’abord assez simples pour qu’il se sente en confiance donc l’idée n’est pas de sortir explorer un nouvel endroit pendant une demi-journée avec des rafales à 50 kilomètres par heure dès la première fois. On sort quand il y a un peu moins de vent et on adapte son itinéraire avec des chemins connus et un peu moins exposés aux vents pour commencer.

Regarder la météo avant de partir est une bonne habitude à prendre : s’il y a des alertes en cours, on remet sa balade à un autre jour. Même si le vent est invisible il a de sacrés pouvoirs : 

  • il peut être très désagréable pour le cavalier (vous sentez cette rafale qu’on se prend parfois en plein visage comme une claque et qui l’espace d’une seconde nous empêche de respirer ?) comme pour le cheval
  • il peut faire tomber des branches d’arbre, en forêt comme en plaine et mieux vaut ne pas être dessous.

À nous de trouver le point d’équilibre entre sécurité et potentiel danger pour savoir remettre notre promenade à plus tard quand c’est nécessaire.

En conclusion sur le cheval stressé en balade à cause du vent

En enquêtant sur le vent, je suis tombée sur un mot que je ne connaissais pas : la météoropathie.
Voici la définition : étude des rapports entre les conditions et phénomènes météorologiques et la pathologie humaine ou animale.
Je suis tombée sur le sujet via cet article vraiment intéressant sur le vent. Le vent peut jouer un rôle sur notre état mental, sans forcément qu’on s’en aperçoive.
Nous aussi on a donc une certaine sensibilité au vent, qui va varier selon les personnes.

Et en même temps, n’oublions pas la poésie du vent. De cette petite brise qui caresse doucement un champ de blé qui devient mer. De ce petit vent chaud qui nous amène des odeurs de plantes aromatiques. Le vent c’est aussi ça.

vent champ

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1 commentaire pour “Cheval stressé en balade : et si c’était le vent ?”

  1. Je partage ton point de vue. Le vent léger aiguise les sens, un vent violent peut être dangereux, branches qui fouettent la croupe, sensation d’être suivis, envie de fuir au grand galop droit devant…

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