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Interview – Dans lʼunivers de Véronique de Saint Vaulry : psychologie du cheval, art et écriture

Bonjour !
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Véronique de Saint Vaulry est passionnée par la psychologie du cheval.
Cʼest lʼune des grandes références de lʼéquitation dʼextérieur en France, notamment avec ses livres Le Cheval dʼextérieur, Quand le cheval a peur et Embarquer son cheval : problèmes et solutions.
Cavalière de Trec, elle a aussi écrit pour de nombreux magazines équestres : Cheval Pratique, Atout Cheval, Cheval Loisirs et Cheval Magazine.

Artiste, Véronique de Saint Vaulry peint, dessine et sculpte. Vous pouvez dʼailleurs regarder ses magnifiques créations sur son site web.
La ligne directrice de tout cela, elle tient en un mot : les chevaux.

Je suis ravie de lui consacrer aujourdʼhui un article et je la remercie dʼavoir pris le temps de répondre à mes questions.

Sommaire de l'article

Véronique, comment tʼes venue ta passion pour les chevaux ?

“Cʼest arrivé sûrement toute petite, mes premiers dessins cʼétait des chevaux, je me souviens quand on se baladait avec mes parents jʼétais obsédée par les traces de chevaux quʼon pouvait voir dans les chemins et je rêvais dʼenfin cesser de marcher et monter sur un cheval. Truc de paresseux (rire). ça vient de très loin, cʼest difficile à expliquer.”

veronique de saint vaulry et alto
Véronique de Saint Vaulry avec son cheval Alto

 

Beaucoup de cavaliers rêvent dʼavoir leur cheval, ça commence souvent dès lʼenfance, cʼest un rêve de petite fille, de petit garçon, mais comment trouver finalement le bon compagnon de route, peux-tu nous raconter comment tu as trouvé Alto, ton premier cheval ?

“Alors jʼai eu de la chance parce que pour mes parents, il était hors de question de mʼoffrir un cheval. ça mʼa permis dʼapprendre pendant des années et dʼêtre prête à accueillir mon cheval. Je pense que jʼavais 20 ans quand je lʼai eu, et jʼavais eu le temps dʼengranger des tas de connaissances, pas assez évidemment, je pense quʼil faut savoir lʼattendre et lʼespérer ce cheval, peut-être avoir un peu dʼautonomie financière aussi, cʼest toujours bien.

Jʼenvie aussi ceux qui peuvent avoir un cheval plus tôt. Jʼai rencontré beaucoup dʼados dans mon parcours, il y a parfois un manque de maturité qui vient aux dépens du cheval et parfois il y a des jeunes qui sont très ouverts, très curieux et qui sont prêts.
Avant il y avait très peu de matériel pour se former, maintenant avec le clavier au bout des doigts on peut avoir réponse à nos questions, se former est plus facile, il est possible dʼavoir son cheval plus tôt si on est un peu curieux.”

Pour Alto, je gagnais un peu dʼargent, je finissais mes études et je donnais des cours particuliers. Jʼai rassemblé mes sous économisés (grâce aux cours de français et dʼanglais), jʼavais une petite cagnotte et jʼavais prévu dʼacheter un des chevaux que jʼavais débourré chez mon oncle (tous les étés jʼallais débourrer des chevaux chez lui, il était éleveur de chevaux auvergne). Il y avait une apaloosa que jʼavais repéré, bref jʼavais cette petite cagnotte pour l’appaloosa et quand jʼen ai parlé à mon oncle il mʼa dit “ah mais on lʼa offert à ta cousine donc tu ne peux plus lʼavoir”. Ma cousine bien embêtée me dit “Attends y a une copine dont la jument a eu un poulain et là elle mʼenvoie les photos dʼun petit sanglier (rires) avec une jolie tête et je lʼai acheté sur photo sans en savoir plus.”

Il avait quel âge ?

“Je lʼai acheté au sevrage. Cʼest la chance de ma vie, cʼétait un cheval magnifique qui nʼa pas eu de problème de santé de toute sa vie, un mental ! Il y avait un petit peu de barbe, un peu dʼarabe, probablement un petit peu de gros, on nʼa pas su mais alors quel cheval ! Quelle chance de tomber sur un cheval comme ça pour commencer !”

Dʼaprès toi, quels sont les critères importants quand on cherche un cheval dʼextérieur ?

“Il y en a plein (rires).
Le premier cʼest de se connaître. Il y a une grande différence entre ceux qui ont déjà eu peur à cheval et ceux qui sont dans la sérénité de la relation. Si on a connu ce sentiment de peur il faut être très prudent sur lʼachat du cheval, il faut prendre un cheval qui a des réactions lentes, ce quʼon appelle un cheval froid, moi jʼappelle ça un double croupe, du côté des chevaux qui ont moins de sang, à la limite un jour on se dira quʼil nʼavance pas assez mais on ne se fera pas peur. Il y a ce côté là : est-ce quʼon est très en confiance ou pas ?
Et puis il y a le niveau quʼon a : il y a des chevaux qui sont très fins (les espagnols, les pur-sangs), si on a un petit niveau il faut un cheval un peu tolérant à nos maladresses.

La vitesse de réaction est un point important : entre un demi-tour en un quart de secondes et un demi-tour en trois secondes, le résultat nʼest pas forcément le même ! (rires)

La formation du cheval, sʼil faut la donner cʼest plus intéressant, mais cela dépend de notre niveau.

La chose la plus précieuse au monde cʼest un cheval à vendre habitué à sortir en extérieur, peur de rien, facile, qui lève pas les fesses, pour moi ça vaut de lʼor. ça existe, jʼen vois passer, avec raison les prix montent quand même mais je trouve quʼils sont sous cotés ces très bons chevaux dʼextérieur, ils devraient valoir beaucoup plus.”

Veronique de saint vaulry
Véronique de Saint Vaulry et Hexane

 

Bon du coup cʼest tant mieux pour tous les cavaliers dʼextérieur !

“Oui !”

Tu es artiste aussi : tu sculptes, tu peins. Comment sʼest fait la transition de la carrière à lʼatelier de peintre ? Du cheval à sa représentation ?

“Jʼai commencé par le dessin parce que quand on nʼa pas de cheval on sʼen construit. Jʼen dessinais, je faisais des fresques interminables sur les murs de ma chambre, je sculptais de lʼargile enfant, et finalement jʼai développé cette partie artistique quand jʼai commencé à écrire. Jʼavais besoin dʼillustrations alors pendant des années jʼai fait des aquarelles pour illustrer mes articles, mes livres. Je faisais des dessins assez réalistes, je voulais quʼon se rende compte que ce nʼétait pas une invention, que cʼétait vraiment une situation réelle. Jʼai toujours gardé cette volonté de réalisme, rester proche du vrai cheval.

Ce qui est marrant cʼest que le fait de dessiner mʼa permis de me rendre compte de petits détails qui mʼauraient échappé si y avait pas eu cette partie là. Par exemple je me souviens, je prône beaucoup le travail rênes longues, je prenais le dessin dʼun cheval qui nʼétait pas rênes longues et je faisais un dessin où je le mettais rênes longues et je mʼapercevais que quelque chose ne collait pas, si on met le cheval rênes longues il prend une attitude différente, et du coup jʼai creusé : pourquoi lʼattitude est différente ? Quʼest-ce que ça apporte ? Cʼest une sorte dʼaller et retour. Cʼest très vrai pour les photos aussi : quand on regarde une photo de très près on voit des choses qui pourraient échapper à l’œil. ça mʼest arrivé aussi quand je faisais des vidéos, ça mʼa aidée à comprendre certaines petits détails de ce quʼil ne faut pas faire quand le cheval a peur, comprendre pourquoi tout à coup le cheval qui a peur et est arrêté fait demi-tour et en fait la vidéo ou la photo permet de voir que cʼest au moment où le cavalier met les jambes, cʼest ça qui déclenche le mouvement. Les petits trucs que jʼexplique dans mes livres, je les ai trouvés dans un aller retour permanent entre le dessin, la photo, la vidéo, etc.

Cʼest comme si on avait des yeux plus affutés quand on utilise ces moyens là.”

aquarelle veronique de saint vaulry
Aquarelle

 

Cʼest très intéressant, le côté dessin, sculpture te donne un nouvel éclairage pour mieux comprendre les chevaux, cʼest bien ça ?

“Oui ça mʼa vraiment aidé à comprendre des choses, des détails qui ont lʼair de rien quʼon arrive à expliquer en quelques phrases, qui paraissent évidents, mais il y a 15 ans de recherche derrière, cʼest évident quand quelquʼun lʼa trouvé (rires).
La sculpture cʼest dans les années 2000 que jʼen ai fait. Jʼai eu envie dʼessayer la voie artistique pour compléter mes revenus dans lʼespoir que la partie artistique puisse remplacer lʼenseignement (jʼétais prof de lettres). Je me suis remise à sculpter, jʼai commencé à faire des bronzes, cʼest une opération complexe et coûteuse, jʼai fait un premier bronze, deux, jʼen ai vendu un, deux, jʼen ai refait dʼautres, etc. À lʼépoque ça a démarré super bien, très optimiste jʼai arrêté lʼenseignement. Je me suis retrouvée avec mes deux métiers passions : écriture et peinture sculpture et en fait il faudrait un métier plus stable.

Il faut que les gens se rendent comptent : un livre qui coûte 50 euros, il y a à peine 5 euros pour lʼécrivain. Le reste cʼest pour lʼéditeur, ceux qui vendent. Il faut vraiment en vendre des milliers. Je sais que jʼai aidé des cavaliers à se réconcilier avec leur cheval donc cʼest vraiment une vocation. Jʼaimerais bien gagner ma vie comme ça mais en fait non.”

bronze veronique de saint vaulry
Bronze

 

Il y a un vrai problème avec la rémunération des auteurs…

“Cʼest comme ça pour tout le monde. Mon problème cʼest que quand jʼécris un livre je mets entre trois et cinq ans et quand je fais une réédition je mets deux ans. Je viens de faire la 6ème édition de Communiquer avec son cheval, je mets deux ans. Si je mettais 6 mois tout irait bien mais je suis très perfectionniste, je veux que ce soit très utilisable, très fouillé donc je me donne un mal de chien pour que mon livre soit utile, efficace, compréhensible. Jʼy passe trop de temps cʼest ma faute.”

Mais tu as raison dʼavoir cette volonté de faire les choses très bien.

“Les retours sur mes livres sont toujours excellents, je sais que ça valait le coup de les écrire, que ça vaut le coup de les rééditer, de commencer le travail pour les mettre à jour. Je nʼai aucun regret là dessus.”

Ton livre Le Cheval dʼextérieur, cʼest une bible. Cʼest la bible quand on veut partir en extérieur avec son cheval, de nombreux cavaliers citent dʼailleurs ton nom et ton livre quand dʼautres cavaliers sont en recherche de références sur le groupe Facebook alors bravo.

“Cʼest cool.”

Tous les cavaliers avec ma voix te disent merci.

“Jʼadore quand quelquʼun me dit merci. ça met du carburant dans la machine.”

Cette année ça a été une grosse année sportive avec les jeux olympiques et forcément la question de lʼhyperflexion est revenue sur le devant de la scène. Est-ce que tu trouves que les choses évoluent dans le bon sens en ce moment, c’est-à-dire vers un arrêt de cette pratique ?

“Pas du tout. Je suis très investie (je dois avoir beaucoup dʼennemis), il y a vraiment dʼun côté des cavaliers désireux de bien faire et de lʼautre des gens qui veulent gagner en compétition et qui refusent dʼécouter ce que les scientifiques disent.
Lʼhyperflexion apporte plein dʼavantages : on peut totalement modifier la locomotion dʼun cheval en lʼutilisant : on prend un cheval qui nʼa pas dʼallure et on va lui donner quelque chose qui ressemble à un vrai temps de suspension, si on regarde au ralenti cʼest une allure bricolée, ça se voit mais on peut gagner en compétition avec ce bricolage. Jusquʼici les juges nʼont pas lʼair trop embêtés pour donner de bonnes notes et tant que les juges (je parle du dressage) continueront à laisser gagner des cavaliers qui pratiquent on sʼen sortira pas).”

Donc il y aurait quelque chose à faire : former peut-être les juges davantage en leur montrant les études scientifiques ?

“Le dressage est devenu ultra populaire dans les années 2000 au moment où les cavaliers qui pratiquaient lʼhyperflexion sont arrivés sur le devant de la scène. ça a rendu les chevaux spectaculaires. Si le dressage redevient ce quʼil était : respectueux du cheval, du texte, du règlement, ce sera moins spectaculaire et la discipline pourrait retomber dans lʼoubli. ça nʼintéresse donc pas les parties prenantes, le dressage est devenu très suivi, générateur de beaucoup dʼargent et revenir en arrière ce serait accepter dʼavoir des chevaux que lʼobservateur moyen ne trouve pas plus intéressant que ça. Je pense que cʼest la racine du problème. Personne dans le monde du dressage ne veut retomber dans lʼoubli.”

Donc ça pose vraiment aussi des questions économiques, des questions de visibilité de ce sport donc cʼest plus complexe quʼil nʼy paraît.

“Je pense que ça explique les réticences de tout le monde. Je suis très investie dans le Collectif pour les chevaux.”

Il y a un collectif qui a été créé par rapport à cette question ?

“Oui et il est connu internationalement maintenant. La personne la plus active et la plus connue cʼest Eva Van Avermaet qui fait des conférences dans le monde entier, elle est vétérinaire. Cʼest la première à mettre en route lʼasso. On en parle sur les réseaux et cʼest grâce à elle essentiellement. Beaucoup de rumeurs fausses circulent sur elle parce que quand quelquʼun dérange on essaie de le rabaisser. Cʼest un phénomène classique mais atroce.”

Conclusion de l’interview avec Véronique de Saint Vaulry

Merci encore à Véronique de sʼêtre prêtée au jeu de cette interview.
Je vous remets ici trois de ses livres, de grands classiques à avoir dans sa bibliothèque de cavalier passionné de balades et randos à cheval :

Point sécurité important : les photos qui illustrent l’article sont des photos de l’époque où monter sans bombe était plus courant. Véronique, dans les mails que nous avons échangés ensemble, m’a demandé d’écrire un petit mot là-dessus. Elle monte maintenant depuis plusieurs années avec un casque.
Pour en savoir plus, vous pouvez par exemple consulter cet article sur deux modèles (Casco et Uvex) qui sont parfaits en extérieur.

veronique de saint vaulry et hexane
Véronique de Saint Vaulry et Hexane
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1 commentaire pour “Interview – Dans lʼunivers de Véronique de Saint Vaulry : psychologie du cheval, art et écriture”

  1. Hyper intéressant mais on en voudrait plus ! 😘 Merci Véronique et Ariane 🙂

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