Bonjour !
Si vous aimez l’équitation d’extérieur, vous voudrez sans doute lire le guide des 16 astuces simples pour réussir ses balades à cheval. Cliquez ici pour télécharger le guide gratuitement ! 🙂
Il y a quelques mois, j’ai fait une première séance avec Sonia Platon, une saddle fitter, pour avoir un avis extérieur et professionnel sur ma selle par rapport à la morphologie d’Oural.
Seller son cheval est un sujet vaste et souvent plein de questionnements pour les cavaliers.
Sonia a gentiment accepté que je l’interviewe sur son métier et le thème passionnant des selles pour les chevaux (selle randonnée cheval, mais aussi selle de dressage, selle d’obstacle, etc.).
Voici l’interview organisée en 4 parties :
- pour ceux qui ont déjà leur selle
- pour les cavaliers qui cherchent une selle
- un focus sur le métier de saddle fitter
- une réflexion sur le matériel autour de la selle (tapis de selle, sangle, sacoches, étrivières, étriers).
Sommaire de l'article
- 1 Selle randonnée cheval : on a sa selle depuis plusieurs années
- 1.1 Tous les combien faudrait-il vérifier idéalement sa selle pour voir si elle convient encore à son cheval ?
- 1.2 Est-ce qu’une selle peut se dégrader sans que ce soit visible à l’oeil nu ?
- 1.3 Est-ce qu’il y a un test simple qu’on peut faire avec son cheval pour voir si la selle correspond encore bien à la morphologie du cheval ?
- 1.4 Quelles sont les erreurs les plus fréquentes quand on selle son cheval ?
- 1.5 Est-ce que tu as un conseil à donner pour entretenir sa selle ?
- 2 Selle randonnée cheval : le cas où on veut acheter une selle
- 2.1 Quel critère prendre en compte dans son choix ?
- 2.2 Est-ce que la discipline peut aussi être un critère ?
- 2.3 Est-ce que les selles sont toutes modifiables pour devenir sur-mesure pour les chevaux ?
- 2.4 Mais alors pourquoi y a-t-il une majorité de selles qui ne sont pas modifiables alors qu’on sait que le cheval va changer au fur et à mesure de sa vie et que du coup la logique voudrait que ce soit modifiable ?
- 2.5 Selle randonnée cheval : selle en cuir ou selle synthétique ?
- 2.6 Recommandes-tu l’achat d’une selle d’occasion, à quoi faut-il faire attention sachant que du coup il faut qu’elle soit modifiable maintenant qu’on a l’info ?
- 2.7 Selle randonnée cheval : nouveau cheval : changement de selle ?
- 2.8 Est-ce qu’il y a des marques de selles ou des pays de conception de selles qui sont en ce moment au top pour le confort du cheval ?
- 3 Selle randonnée cheval : le métier de saddle fitter
- 3.1 ça se démocratise en France. Où est-ce que ce métier est apparu ? Peux-tu synthétiser la mission du saddle fitter ?
- 3.2 Peux-tu m’en dire plus sur l’association des saddle fitters indépendants ?
- 3.3 Comment as-tu choisi ce métier ?
- 3.4 Existe-t-il des formations en France ?
- 3.5 Quels sont les principaux problèmes qu’engendre une selle inadaptée pour le cheval ?
- 4 Selle randonnée cheval : focus sur les accessoires autour de la selle
- 4.1 Quels sont tes conseils pour choisir un bon tapis ?
- 4.2 Cordelette c’est les éléments de déco tressés sur le tapis c’est bien ça ?
- 4.3 Selle randonnée cheval : le tapis à poches, bonne ou mauvaise idée ?
- 4.4 Autre accessoire : l’amortisseur. Bonne idée ou pas ?
- 4.5 Et ça on s’en rend compte assez vite, est-ce qu’au bout de 5 minutes de test on le voit ?
- 4.6 Selle randonnée cheval : comment savoir si sa sangle est adaptée à son cheval ?
- 4.7 Donc ce que tu veux dire, c’est que si on sangle pas assez ça va être problématique pour le dos du cheval.
- 4.8 Selle randonnée cheval : les étriers peuvent-ils avoir un impact sur le bien-être du cheval ?
- 4.9 As-tu un conseil à donner sur les fameuses sacoches qu’on emmène en rando ?
- 4.10 Articles similaires
Selle randonnée cheval : on a sa selle depuis plusieurs années
Tous les combien faudrait-il vérifier idéalement sa selle pour voir si elle convient encore à son cheval ?
“ça dépend vraiment du cheval et de la selle. Pour donner une sorte de régularité, on va se dire tous les ans. Un peu comme on va se dire : l’osthéo c’est tous les ans, le maréchal c’est toutes les 6-8 semaines, etc. Si il faut donner vraiment une fréquence on va se dire que tous les ans faire un contrôle c’est intéressant.
Après y a des chevaux types jeunes chevaux, chevaux qu’on met au travail, chevaux qui changent de mode de vie, qui vont changer dans la morphologie, ceux-là peut-être qu’au départ il faut les accompagner tous les 6 mois par exemple.
Sur la majorité des cas, une fois que le matériel il est checké une première fois, adapté, qu’il y a rien de trop gênant, une régularité d’une fois par an c’est pas mal.”
Est-ce qu’une selle peut se dégrader sans que ce soit visible à l’oeil nu ?
“Oui, complètement. Le gros problème principal qui va vraiment être rédhibitoire pour l’utilisation de la selle ça va être un arçon qui se casse. ça peut être lié à un accident, à une chute, à un cheval qui va se rouler avec la selle, ça peut être aussi une contrainte technique (problème de qualité). Un arçon cassé ou vrillé (si on fait toujours un montoir du même côté en chaussant l’étrier ça peut vriller l’arçon ou un défaut de conception) c’est rédhibitoire, normalement là la selle on la jette.
L’arçon cassé, ça se voit pas à l’œil nu. L’arçon vrillé ça peut se voir mais c’est un peu délicat, il faut vraiment prendre le temps de bien regarder. Pour un cavalier classique qui utilise son matériel de manière habituelle, il ne va pas forcément le voir.
Il y a des choses moins rédhibitoires comme l’usure des matelassures (au bout d’un certain temps les matelassures en mousse vont se dégrader et c’est normal). Il faut donc les changer au bout d’un certain temps, 10 à 15 ans suivant les matières, parce qu’elles vont perdre leur côté amortissant et moelleux. Elles vont se dégrader, ça peut être le cas pour la laine aussi où les fibres longues vont finir par se casser et devenir plus friables et du coup être moins amortissantes. Dans ce cas là, il faut envisager une réfection de la matelassure. Pour les panneaux en mousse ça va se faire en atelier : il faut refaire toute la matelassure. Pour les panneaux en laine ça peut souvent se faire à l’écurie et dans ce cas là on ne change que la laine, pas le panneau en lui-même.”
Est-ce qu’il y a un test simple qu’on peut faire avec son cheval pour voir si la selle correspond encore bien à la morphologie du cheval ?
“Un test simple, pas forcément. C’est plutôt plein de petits points de contrôle.
Déjà être sûr que quand on pose sa selle sans tapis, même non sanglé, qu’on ait au moins 4 doigts entre le garrot et le pommeau de la selle, qu’il n’y ait pas un trou au niveau des trapèzes (si on a un espace à cet endroit ce n’est pas correct) et que l’arrière de la selle ait une forme cohérente avec le dos du cheval (on a souvent des arçons courbés à l’arrière alors qu’on a des chevaux qui ont des dos plutôt droit).
Un dernier point de contrôle facile ça va être l’équilibre du siège, c’est à dire que le siège ont doit l’imaginer vraiment pour poser le bassin verticalement. Le siège doit donner l’impression d’être horizontal.
ça c’est des points de contrôle, ça veut pas dire qu’une fois que ça a l’air correct la selle est forcément adaptée car il se passe beaucoup de choses aussi sous la matelassure mais c’est déjà des premiers points qui sont importants parce que s’il en manque un, clairement il faut adapter la selle.”
Quelles sont les erreurs les plus fréquentes quand on selle son cheval ?
“J’en verrai deux principales. La première c’est de mettre la selle trop en avant, un petit peu sur le garrot. En fait il faut vraiment que la selle dégage la scapula : l’os de l’épaule. Quand on parle de la selle qui doit dégager la scapula c’est vraiment l’arçon en lui-même (la partie qui répartit le poids). Si le quartier qui lui est souple vient sur l’épaule, ça c’est pas grave. Mais vraiment, au niveau de la pointe d’arçon on doit être en arrière de la scapula, idéalement deux doigts en arrière de la scapula.
Une deuxième erreur qui est un peu liée à la première : c’est qu’on veut parfois que les contre-sanglons des selles tombent verticalement pour arriver au passage de sangle. En fait, ça conduit souvent à avancer la selle car on a souvent des selles de fabrication française qui vont avoir des contre-sanglons très reculés. Donc pour pallier à ça on les avance mais ce n’est pas correct. Il faut mettre la selle à sa place et ensuite le contre-sanglon soit on le met un petit peu en biais pour que la sangle soit au passage de sangle, soit c’est pas compatible parce qu’ils sont fixes et dans ce cas là malheureusement la selle ne convient pas. On n’avance pas une selle pour positionner les contre-sanglons au passage de sangle. »
Est-ce que tu as un conseil à donner pour entretenir sa selle ?
“Un stockage correct dans une pièce sèche et sur un porte-selle qui soit idéalement plein comme un bidon ou comme un porte selle en bois qui a une forme de toit ou qui soit juste un tube central pour que les matelassures soient posées à plat. Éviter les porte selles en fer (trois tubes en fer). Si on a ça prendre un vieux tapis de selle, le plier et poser en dessous pour répartir la pression et qu’il n’y ait pas un point d’appui qui vienne après marquer la matelassure.
Un autre point d’entretien important : faire ses cuirs quand on a une selle en cuir. Un entretien mensuel c’est bien et ça permet de vérifier les points de sécurité de la selle donc ça ça vaut aussi pour une selle synthétique : une fois par mois, un petit coup de nettoyage pour regarder aussi que les contre-sanglons sont en bon état, que les couteaux d’étrivière sont en bon état, que les étrivières ne sont pas en train de se déchirer.”
Selle randonnée cheval : le cas où on veut acheter une selle
Quel critère prendre en compte dans son choix ?
Les gens contactent maintenant les saddle fitters quand ils cherchent une selle. C’est devenu la majorité de nos consultations. On établit ce qui va et ne va pas sur le matériel actuel et en parallèle on fait aussi des essais de selle :
- soit on veut changer la selle parce que ça ne convient pas
- soit on veut acheter une selle complémentaire.
La plupart du temps on est sur de la recherche de selle.
Les critères des cavaliers :
- leur confort et celui de leur cheval car c’est lui qui va supporter le plus de contraintes physiques et mécaniques
- le budget et en général les personnes se sont déjà posées la question (et avec une bonne selle on voit moins l’ostéo, on a moins de soucis vétérinaires donc on s’y retrouve un petit peu).
Après il faut rester ouvert dans ses critères : je vais écouter leurs besoins mais je vais avoir les contraintes que vont m’imposer le cheval dans sa morphologie et sa sensibilité et après je vais aussi ouvrir à d’autres recherches parallèles parce que je sais que la solution peut être ailleurs. Et en fait très souvent les gens sont ouverts d’esprit, ils essaient, ils sentent la différence et finalement ils partent pas forcément sur le choix de départ.
Est-ce que la discipline peut aussi être un critère ?
“Bien sûr, si on fait du dressage il faut partir sur des selles de dressage. Parfois si je vois que la contrainte est trop délicate au niveau du cheval et du cavalier je peux orienter vers une selle qui va être type endurance ou mixte parce que je sais que la personne va pouvoir pratiquer son dressage avec ce cheval là dans cette selle là.
Pareil pour les selles de randonnée : parfois on me dit je veux une selle de randonnée, mais une selle de dressage qui va permettre aussi une bonne descente de jambe et d’attacher des sacoches, si on part pas pour du voyage à cheval ça peut largement suffire et offrir un confort très intéressant pour le cheval, plus que sur certaines selles typées très randonnée où parfois on est un peu limité au niveau technique ou pour des chevaux au gabarit extrême.”
Est-ce que les selles sont toutes modifiables pour devenir sur-mesure pour les chevaux ?
“Non, pas du tout. Certaines sont figées et c’est la majorité de ce qu’on trouve actuellement sur le marché français. Idéalement il faut pour pouvoir moduler sa selle avec une arcade modifiable et des matelassures modifiables parce que le cheval s’il évolue cela peut être sur des nuances ou des gros changements.
Malgré ça il faut que l’arçon soit bien choisi : il faudrait idéalement avoir le choix de plusieurs arçons. Nous c’est ce qu’on fait en ayant un panel de différents modèles chez différents fabricants. C’est pour avoir différents arçons, le squelette de la selle, on le choisit et en fonction de ça si on peut moduler c’est merveilleux.
Souvent on a des selles qui sont pas modifiables. Donc si l’arçon va à l’instant T au moment de l’achat de la selle c’est super mais par contre si le cheval évolue derrière on peut pas du tout faire suivre. »
Mais alors pourquoi y a-t-il une majorité de selles qui ne sont pas modifiables alors qu’on sait que le cheval va changer au fur et à mesure de sa vie et que du coup la logique voudrait que ce soit modifiable ?
“Je pense qu’on a un manque d’informations des cavaliers. Au moment de l’achat, du choix du matériel, le cavalier souvent ne sait pas que les selles ne vont pas être modifiables, il ne s’imagine pas forcément que son cheval va changer dans le temps et pourtant quand on fait des mesures on le voit vraiment fréquemment. On ne leur donne pas l’information aussi que certaines selles ne sont pas adaptables facilement, on peut les faire adapter quand même à l’atelier mais ça va coûter cher. Typiquement les matelassures en mousse en général on ne les fait pas trop évoluer parce que ça coûte assez cher donc on le dit pas trop. Manque d’information et souvent en France, très souvent, les cavaliers quand ils achètent une selle, ils ont pas forcément la notion de confort du cheval sur le long terme. »
Selle randonnée cheval : selle en cuir ou selle synthétique ?
“Peu importe du moment que la selle est bien conçue, que les matériaux sont qualitatifs et qu’elle est adaptable et qu’elle peut suivre l’évolution du cheval, qu’elle est confortable et pour le cheval et pour le cavalier, y a pas de préférence sur l’un ou l’autre, sachant que maintenant certaines selles en synthétique sont vraiment très confortables au niveau du matériau aussi. Ce qui va faire la différence souvent ça va être le budget et l’envie ou non d’entretenir ses cuirs. Souvent le cuir est préféré pour le côté chaleureux, si y a une griffure aussi souvent on met un peu de crème et ça s’estompe, ça se patine. Le synthétique va être un peu plus froid mais plus facile à l’utilisation, à l’entretien. D’un point de vue technique maintenant il y a de très bonnes possibilités dans les deux.
Recommandes-tu l’achat d’une selle d’occasion, à quoi faut-il faire attention sachant que du coup il faut qu’elle soit modifiable maintenant qu’on a l’info ?
“La selle d’occasion ça peut être une bonne alternative, par contre il faut faire super attention à ce qu’elle soit en bon état. Et pour ça il faut être sûr que l’arçon soit pas cassé. Il y a des modèles où ça va se vérifier facilement en les démontant, d’autres qui vont être très compliqués à démonter donc ça va induire un budget pour demander à un professionnel le démontage. C’est fondamental que l’arçon ne soit pas abîmé. Après c’est important de faire une consultation pour faire adapter la selle si elle est adaptable.
On peut acheter une selle d’occasion qui allait à un cheval, notre cheval est un peu différent : il faut changer l’arcade, retoucher les matelassures, c’est pas grand chose à faire mais si on ne le fait pas on a une selle qui n’est pas adaptée et un cheval inconfortable.
Selle randonnée cheval : nouveau cheval : changement de selle ?
“Pas forcément. On a des chevaux parfois, même de races très différentes qui vont avoir des morphos types assez semblables donc qui se ressemblent. Si on a une selle pas adaptable, bien sûr les chances sont moins grandes de pouvoir vraiment prendre la même selle. Si on a une selle adaptable, sur des chevaux qui ont des dos assez ressemblants, souvent on peut adapter : changement d’arcade, retouche de la laine et la selle peut tout à fait convenir. Après, souvent, dans le cadre d’un changement de cheval on se dirige vers des chevaux un peu semblables, typiquement quelqu’un qui a eu son petit cheval arabe pendant des années va peut-être s’orienter vers un autre cheval arabe et au final déjà ça peut aider.
Souvent maintenant, les gens achètent un cheval et font le check : véto, ostéo, dentiste. Ils mettent tout à jour. Maintenant petit à petit, il y en a qui se disent aussi : je fais venir le saddle fitter parce que je veux partir sur de bonnes bases. C’est bien. Je ne le dis pas parce que j’ai besoin d’argent et qu’il faut faire bosser les saddle fitters, on a tous du boulot mais vraiment les chevaux ils ont besoin. ça ne coûte pas si cher que ça quand on noie tous les frais qu’on a avec les chevaux et par contre ça va vraiment limiter de nombreux problèmes : même des problèmes de comportement notamment si le cheval a mal. On règle des problèmes comportementaux juste avec une selle différente.”
Est-ce qu’il y a des marques de selles ou des pays de conception de selles qui sont en ce moment au top pour le confort du cheval ?
“On a tous nos affinités c’est certain. La plupart des marques avec lesquelles on travaille, ça va être des marques anglaises, allemandes, italiennes : c’est eux qui ont le plus d’offres sur les selles adaptables de qualité. Après je vais pas citer de noms parce que c’est évolutif, que c’est mes affinités du moment et que ça peut évoluer. Personnellement je vais piocher deux trois modèles chez chaque fabriquant mais pas tout leur panel parce que je vais vraiment aller cibler des modèles qui me paraissent cohérents par rapport aux chevaux que je vois ici et aux cavaliers. Il y a des très bonnes marques, malheureusement pour l’instant toutes étrangères. Il y a quelques français qui commencent à travailler sur le développement de modèles adaptables mais pour l’instant on n’a pas pu les voir, les tester, on attend ça avec impatience.”
Selle randonnée cheval : le métier de saddle fitter
ça se démocratise en France. Où est-ce que ce métier est apparu ? Peux-tu synthétiser la mission du saddle fitter ?
“Je pense que ça a été assez commun dans tous les pays qui avaient une cavalerie importante mais que nous on l’a perdu. D’autres pays européens ne l’ont pas perdu. Angleterre, Allemagne, Pays-Bas. Nous ça revient petit à petit. Je sais pas combien on est en France actuellement mais on est déjà une trentaine d’adhérents à l’association des saddle fitters indépendants : l’ASFI. Il y a aussi ceux qui n’ont pas adhéré à l’association, ceux qui ne sont pas indépendants parce qu’ils représentent une marque (et qui peuvent le faire avec éthique). Il y a quelques années on se comptait sur les doigts de la main.
Peux-tu m’en dire plus sur l’association des saddle fitters indépendants ?
“L’ ASFI : l’association des saddle fitters indépendants permet un échange d’expérience au niveau des informations qu’on va avoir sur le terrain ou auprès des fabricants (infos techniques sur le matériel). Il y a une charte éthique : on est là pour conseiller, on n’est pas là pour vendre à tout prix (on n’est pas des commerciaux), on a une indépendance, on peut conseiller suivant le besoin du cavalier, pas en suivant selon ce qu’une marque va proposer.”
Comment as-tu choisi ce métier ?
“ça a d’abord été un intérêt. Je suis technicienne de formation, j’aime réfléchir à ce qui va, ce qui va pas, comment améliorer les choses. j’ai fait cette formation là à titre personnel au départ et ensuite ça a été une reconversion professionnelle parce que je me suis passionnée pour cet aspect là du matériel d’équitation. C’était au début un intérêt personnel pour mon propre cheval.”
Existe-t-il des formations en France ?
“Actuellement il y en a 3 en France, au moins autant à l’étranger, intéressantes si on est anglophone.”
Quels sont les principaux problèmes qu’engendre une selle inadaptée pour le cheval ?
“Les principaux problèmes qu’on va avoir ça va être déjà une expression de gêne ou de douleur (un cheval qui va être rétif, mordre au sanglage, coucher les oreilles : tout ça c’est pas des signes de « j’ai pas envie » mais de « j’ai mal »). Dégradation de la locomotion, de l’état général musculaire. »
Selle randonnée cheval : focus sur les accessoires autour de la selle
Quels sont tes conseils pour choisir un bon tapis ?
Quand on choisit un tapis idéalement il faut qu’il ait la même épaisseur partout. Si on a des surépaisseurs on va avoir des zones de pression sous la selle donc ça c’est pas correct. La ligne de dos du tapis quand il est plié doit ressembler à la ligne de dos du cheval :
- si on a un cheval qui a peu de garrot une ligne de dos de tapis droite c’est pas un problème
- avec un cheval qui a du garrot il faut un tapis très dégarroté et ça c’est hyper important.
Quand on a des cordelettes, c’est important qu’elles soient interrompues au niveau du passage de sangle puisque là on va appliquer une pression par la sangle. Si on a une cordelette en dessous ça va être très inconfortable pour le cheval. au niveau des cotes qui sont des zones qui sont peu charnues.”
Cordelette c’est les éléments de déco tressés sur le tapis c’est bien ça ?
« Oui c’est ça, et ça va faire une surépaisseur donc donner des zones de pression inconfortables.
Une fois qu’on a la même épaisseur, la bonne ligne de dos choisie et pas de surépaisseur au passage de sangle normalement on a déjà fait un bon choix au niveau du tapis. »
Selle randonnée cheval : le tapis à poches, bonne ou mauvaise idée ?
“Le tapis à poche se plaque sur la colonne vertébrale, fatalement. Donc mauvaise idée pour la répartition du poids, le confort du cheval (épargner les zones sensibles comme la colonne vertébrale). Mauvaise idée de manière générale.
La meilleure idée ce serait de prendre des sacoches attachées sur la selle. Après si on a vraiment juste une petite bricole à mettre dans ses poches ça peut être une possibilité si on a des anneaux qui vont permettre de suspendre le tapis et la poche à l’arçon de la selle. Donc pareil dans ce cas là on a des tapis qui ont des poches mais qui ont des anneaux au niveau de la poche et dans ce cas là on attache la poche à la selle pour que ce soit la selle qui porte le poids et pas la colonne vertébrale du cheval.
Autre accessoire : l’amortisseur. Bonne idée ou pas ?
“ça peut être une nécessité pour pallier une selle pas adaptée. ça peut être aussi très intéressant pour un cheval qui a une sensibilité particulière auquel il va falloir rajouter du confort. ça peut être intéressant sur une selle qui a des matelassures fatiguées.
Maintenant il y a aussi de nombreux cas où on peut s’en passer si on a une selle bien adaptée, confortable, un cheval qui supporte bien sa selle.
Et il y a aussi des cas où c’est délétère.
Donc vraiment l’amortisseur c’est au cas par cas et c’est vraiment choisi avec beaucoup de critères : des chevaux préfèrent avoir des amortisseurs en mouton, d’autres non, des amortisseurs qui vont nous donner plus d’épaisseur devant ou derrière pour rééquilibrer une selle. C’est vraiment du cas par cas, quelque chose qui doit être choisi en se faisant accompagner par un professionnel. ça peut être très compliqué à choisir et aussi contre-productif. Des amortisseurs à cale ont des cales différentes en terme de matière, de densité, de confort du cheval : certains aiment les cales en feutre, d’autres en mousse et ça tant qu’on n’a pas essayé on ne le sait pas. »
Et ça on s’en rend compte assez vite, est-ce qu’au bout de 5 minutes de test on le voit ?
“Oui, on le sent immédiatement, comme quand on fait des essais de selle, rien que sur la locomotion du cheval on voit très vite où est son confort et ce qui peut lui convenir ou pas. »
Selle randonnée cheval : comment savoir si sa sangle est adaptée à son cheval ?
Fatalement si on a des blessures ou des poils frottés c’est qu’on a un vrai problème. De manière générale on va chercher d’abord à avoir une selle adaptée, un tapis adapté et la sangle va être un petit peu l’accessoire qui finit tout ça.
Le choix de la sangle va dépendre de la longueur des contre-sanglons de la selle, du positionnement du passage de sangle du cheval et aussi du mouvement du cheval et de sa préférence à lui.
On a des chevaux qui vont être très bien avec des sangles en néoprène et c’est assez souvent finalement, avec des sangles droites, d’autres qui vont préférer des sangles anatomiques, parfois en synthétique, parfois en cuir, de manière générale on essaie de faire des essais.
On ne peut pas faire tous les essais le même jour : souvent on choisit d’abord une selle, un tapis. La fois d’après on va aller plus dans le détail sur la sangle, c’est assez compliqué de toute faire en une fois.
Les boucles doivent être assez hauts pour être au dessus des veines abdominales.
Souvent on préconise des sangles sans élastiques pour avoir une bonne stabilité du matériel.
Et un point très important qui n’est pas lié au matériel lui-même, qui est directement lié à l’utilisateur : le matériel doit être sanglé. C’est important de sangler son cheval, progressivement, mais en selle, tout doit être bien sanglé pour la stabilité et donc pour le confort du cheval. »
Donc ce que tu veux dire, c’est que si on sangle pas assez ça va être problématique pour le dos du cheval.
“La selle va bouger, ça va faire des frottements. ça peut être inconfortable au niveau vraiment du contact sur la peau, le poil. ça va être aussi inconfortable parce que ça va être instable et du coup le cheval va devoir en permanence gérer une instabilité et également on perd en précision au niveau des aides et de la communication.”
Selle randonnée cheval : les étriers peuvent-ils avoir un impact sur le bien-être du cheval ?
“Oui, complètement, ils vont avoir un impact indirect. Ils ont un impact sur le confort du cavalier (moins de douleurs avec certains étriers, plus de stabilité) et si le cavalier est mieux le cheval sera mieux. Le cavalier va mieux absorber les mouvements, va être plus léger en selle, plus stable et le cheval y gagner aussi.”
As-tu un conseil à donner sur les fameuses sacoches qu’on emmène en rando ?
“Idéalement, il faut des sacoches avec suffisamment de points d’attaches pour bien les attacher à l’arçon, que ce soit l’arçon qui porte le poids et surtout que la partie centrale ne viennent pas poser sur la colonne vertébrale, qu’on puisse la suspendre, la surélever sur l’arçon, sur le troussequin de la selle.
Ensuite, niveau confort du cheval il faut que le tapis soit suffisamment grand pour qu’il couvre toute la surface sous la sacoche pour protéger les flancs du cheval.
Un petit plus aussi en terme de confort : la partie contre le cheval, si elle est moelleuse, renforcée ou rigide c’est mieux dans le sens où si on met quelque chose d’un petit peu pointu il faut que ce soit amorti par cette partie là, donc soit un cuir rigide où le cheval va pas sentir qu’il y a une pointe dans la sacoche, soit quelque chose en mousse sur les sacoches synthétiques mais un peu épais. Si on a un cure-pied, qu’on n’ait pas la pointe du cure-pied qui vienne dans le flanc du cheval.”
Un grand merci à Sonia pour ses réponses complètes, simples et claires sur le sujet des selles (selle randonnée cheval, selle dressage, selle obstacle, etc.).
Hyper intéressant ! Une mine d’informations 🙂