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Travail à pied cheval : la méthode PAD pour le cheval d’extérieur

Bonjour !
Si vous aimez l’équitation d’extérieur, vous voudrez sans doute lire mon guide des 16 astuces simples pour réussir ses balades à cheval. Cliquez ici pour télécharger le guide gratuitement ! 🙂

Je parle plus souvent d’équitation montée que d’équitation à pied mais l’article d’aujourd’hui va inverser la tendance puisque j’ai envie de vous parler du PAD de Véronique de Saint Vaulry.

Cette méthode synthétisée en trois lettres est décrite comme la base du travail du cheval d’extérieur dans Le Cheval d’extérieur, L’éduquer, le dresser.
Et il s’agit donc d’un travail 100% à pied pour les chevaux et poneys. Parce que la passion du cheval ne passe pas que par l’équitation montée, mais aussi l’équitation à pied.

L’équitation d’extérieur et ses moments à pied

Le premier constat de Véronique de Saint Vaulry est d’ordre pratique et logique : en balade, en randonnée à cheval, on est souvent pied à terre et je pense qu’on est tous d’accord.
Voici quelques situations : 

  • on prépare son cheval
  • quand on le met au pré ou en paddock, qu’on l’attache à un arbre, qu’on le nourrit
  • s’il faut passer un endroit compliqué (raide, étroit, avec trop de branches basses)
  • pour ne pas trop fatiguer son cheval (longue montée caillouteuse)
  • si son cheval (ou son poney ou sa jument) a très peur, il peut être rassuré d’avoir son cavalier entre lui et ce qui lui fait peur (mais d’autres chevaux seront plus rassurés avec le cavalier qui reste à cheval, c’est mon cas avec Oural, question d’habitude je pense)
  • pour faire boire son cheval dans un seau par exemple
  • si un autre cavalier tombe, il peut être nécessaire de descendre de cheval
  • quand on a envie de faire pipi ou de s’arrêter cueillir une jolie fleur :-).

On doit donc pouvoir faire confiance au comportement de son cheval quand on met pied à terre autant que quand on est à cheval pour des questions évidentes de sécurité. 

Les avantages du travail à pied du cheval sont multiples : 

  • ça permet de travailler la relation avec son cheval : confiance, respect, écoute, fiabilité, on fait équipe, on affronte ensemble les difficultés de terrain et ses peurs et le cheval apprend à suivre son cavalier partout. 
  • on travaille sa sécurité : un cheval qui écoute à pied permet d’éviter de nombreux accidents
  • le cheval nous voit (à cheval il ne nous voit pas).

complicite cheval cavaliere

Le PAD qu’est-ce que c’est ?

La définition du PAD

Véronique de Saint Vaulry a mis en place une méthode qu’elle a nommé PAD pour parler des trois piliers de l’éducation au sol : 

  • Politesse au repas
  • Avant-main légère
  • Distances sous contrat.

Quand travailler le PAD ? 

Par exemple :

  • au début de la relation avec son cheval, sa jument, son poney, que ce soit de jeunes chevaux ou des chevaux plus âgés
  • quand on a une difficulté avec son cheval (besoin de travailler sur des problèmes particuliers comme une peur précise, de l’excitation, etc.)
  • et à n’importe quel moment finalement car l’éducation à pied est la base de l’éducation du cheval.

Il y a des moments, dans la relation avec le cheval, où on a d’ailleurs plus envie de travailler à pied : cela peut être une façon de se rassurer (pour ses premières balades seul avec son cheval par exemple), de découvrir en douceur le cheval, ou encore cela peut coller à ses capacités physiques du moment (pour le cheval comme pour nous).
Quand j’étais enceinte par exemple, j’ai fait pas mal de séances à pied avec Oural, notamment en liberté. À l’époque, je n’avais pas encore découvert la méthode PAD. 

Les outil du travail à pied 

Les parties du corps

  • les pieds “la force tranquille du langage gestuel”, avec une règle : ne jamais reculer devant le cheval
  • une fois les pieds installés, viennent les bras : “ouvrir les bras, lever les mains, faire un moulinet de corde ou de rêne, c’est parler plus fort”
  • et pour parler encore plus fort, augmenter les mouvements (rapidité, plus de bruit).

Vous l’avez compris, pas besoin en fait de toucher le cheval. Et on utilise ses rênes ou une corde/longe avec la main et le cheval en licol. Pas besoin de plus de matériel.

La voix 

L’idée est d’installer un signal simple pour le cheval, pour qu’il comprenne de suite que les gestes lui sont adressés. Le signal de la méthode de Saint Vaulry c’est le claquement de langue.
L’avantage : si vous vous mouchez, ou si vous prenez de quoi boire dans votre sacoche, le cheval sait que ce mouvement ne lui est pas adressé puisqu’il n’y a pas eu de claquement de langue.

Deuxième élément de voix : ce sera des mots choisis par vous pour un ordre précis. Exemple de mot pour arrêter le cheval : « arrêt » ou « stop ». Évidemment, une fois qu’on a choisi « arrêt », mieux vaut s’y tenir pour que le cheval comprenne bien ce qu’on lui demande.

Des étapes de travail qui se basent sur l’espace choisi

Les étapes du travail à pied dans l’espace sont assez simples : 

  • travailler d’abord dans un espace clos et sécurisé dans l’écurie ou au centre équestre
  • puis peu à peu faire de courtes balades à pied et les allonger.

cheval bai oreilles en avant

Regardons maintenant plus en détail le PAD 

Travail à pied cheval : la politesse au repas

L’idée ici, c’est que le cheval reste à sa place et ne bouscule pas celui qui le nourrit. Si la politesse est bien établie au repas, le cheval n’aura pas de remise en question globale de cette politesse : ne pas pousser le cavalier au moment du pansage, à pied en balade, etc.
La politesse doit être globale et la hiérarchie claire.

Voici l’exercice proposé dans le livre, à faire dans un endroit clos, avec juste le cheval et un repas pas forcément hyper tentant (plutôt du foin que des granulés ou des carottes et des pommes).
L’idée de l’exercice va être en fait de prendre possession du foin et d’en écarter son cheval, un peu comme si vous vouliez lui piquer son repas (oui je sais, c’est pas sympa mais en vrai vous n’allez pas lui piquer son repas, juste le faire patienter).

Les étapes :

  • commencer à claquer de la langue à 6 mètres
  • au deuxième claquement de langue, commencer à frapper le rouleau de corde contre sa cuisse tout en continuant à faire des claquements de langue 
  • à 3 mètres, si le cheval n’a pas bougé, on jette l’extrémité de sa corde vers le cheval, on recommence en le touchant s’il n’a toujours pas bougé
  • normalement il s’est écarté, on prend possession du foin
  • une fois que le cheval a accepté cette prise de possession du foin par le cavalier, on peut se retourner et lui donner une indication vocale (“ok mange”, “régale-toi”, etc) et s’écarter à plusieurs mètres pour le laisser manger. Ouf, il est rassuré, on ne lui a pas piqué sa ration !

Travail à pied cheval : l’avant-main légère

Trois exercices vont permettre d’obtenir les distances et de contrôler précisément la position du cheval : la navette, le reculer et l’envoi latéral.

La navette

L’objectif va être de marcher sans que le cheval ne bouge. 

On se met face à son cheval, la corde traîne par terre au sol, on tient la suite de la corde d’une main. On est assez proche du cheval.
On lui donne deux indications avant de reculer : 

  • une indication vocale, un mot que vous avez choisi (“là” “pas bouger”)
  • lever brièvement une main à hauteur de son oeil.

Et on recule d’un pas.
Si le cheval n’a pas bougé, on peut le féliciter et pourquoi pas essayer de reculer de deux pas la fois suivante.

Quand le cheval a bien compris, on peut essayer de ne garder que l’indication vocale (on ne lève plus la main).

Le reculer

On peut essayer de se mettre le long d’une barrière par exemple ou le long d’un côté de carrière ou de manège pour faciliter le reculer. On est devant son cheval, face à lui.

Voici les trois étapes à  suivre pour faire reculer votre cheval : 

  • un claquement de langue 
  • un geste des deux mains comme pour pousser de la fumée ou un moulinet de corde, à refaire plus bruyamment si le cheval ne commence pas à reculer
  • le renforcement tactile s’il n’a toujours pas reculé : faire onduler la corde en l’agitant jusqu’au reculer.

À noter : dès que l’un des sabots recule, il faut arrêter toute stimulation et féliciter. Puis recommencer.

L’envoi latéral

On est toujours face au cheval et le jeu va être de faire partir l’épaule à droite ou à gauche. L’idée c’est que le cheval soit bien mobile au niveau des épaules et qu’il sache quand vous voulez qu’il se décale à droite ou à gauche en extérieur, selon le terrain.

La gestuelle :

  • on est face au cheval, et en étendant ses bras on crée un effet de mur en allongeant les bras des deux côtés
  • le bras du côté de l’épaule qui va tourner en étant étendu va indiquer la direction avec une légère tension dans la longe
  • on utilise le fameux claquement de langue pour dire au cheval qu’il va se passer quelque chose
  • le bras de l’autre côté fait un petit moulinet pour indiquer qu’il ne faut pas aller de ce côté-là.

Là encore, dès que le début de mouvement s’amorce, il faut arrêter toute stimulation et laisser la corde se détendre. Et on recommence.

L’utilité principale de cet exercice c’est de permettre au cheval de se concentrer quand il a justement perdu sa concentration (peur, excitation) en montrant que le cavalier est là, en entier donc à distance de lui. 

Travail à pied cheval : les distances sous contrat 

Pourquoi enseigner les distances ?

Un cheval pèse 500 kilos, un poney c’est 300 kilos en moyenne. Et s’il vous marche dessus, ça peut faire mal. Je sais de quoi je parle, car dans ma vie de cavalière si j’ai par exemple récolté des flots après des parcours d’obstacles réussis, j’ai aussi eu mon lot de bobos aux pieds. Comme tous les cavaliers…

Très classiquement j’ai appris à me tenir à côté de mon cheval, côté gauche, et à marcher à côté au niveau de sa tête et de sa fin d’encolure.
La lecture du livre Le cheval d’extérieur a été une révélation pour moi de ce côté là : en fait cette position à côté du cheval ne fonctionne pas vraiment avec l’extérieur pour plusieurs raisons : 

  • le cheval ne voit pas son cavalier en entier 
  • en étant à côté du cheval on bouche son champ de fuite côté gauche
  • et on le gêne s’il veut regarder quelque chose car il aura du mal à tourner la tête.

Une meilleure position, c’est d’être assez loin devant. Pour le coup les avantages sont multiples : 

  • c’est le cavalier qui donne la direction, il est un peu comme le cheval de tête
  • le cheval voit son cavalier en entier 
  • le cheval peut tourner la tête à droite ou à gauche, il n’est pas gêné.

Marcher devant son cheval (ou sa jument, ou son poney) : le déplacement miroir

Comme on a déjà travaillé les trois exercices de l’avant-main légère, on peut commencer à travailler le déplacement miroir : vous marchez devant votre cheval et il marche derrière vous. Quand vous vous arrêtez, il s’arrête. La distance entre lui et vous doit rester la même.

Si le cheval continue à avancer, on fait l’exercice du reculer pour qu’il se remette à la bonne distance

Si le cheval se déplace sur le côté, on le replace droit.

Pour conclure sur le travail à pied du cheval

Le pad, “un système de priorité spatiale”

L’ensemble des exercices permet de travailler la sécurité avec 

  • la mise en place d’un système de distance quelle que soit la situation
  • un cercle personnel d’1m50 dans lequel le cheval n’a pas le droit de mettre les pieds : c’est le cavalier qui va faire les deux derniers pas pour s’approcher, ainsi on évite de se faire écraser le pied.

Une main de fer dans un gant de velours

L’expression s’y prête bien : pour travailler le PAD, il va falloir faire preuve de fermeté mais sans être agressif au risque de détériorer la relation avec son cheval. Un exemple quand on se déplace en miroir avec son cheval (on est devant, le cheval suit) : la longe ou la rêne n’est pas complètement tendue pour éviter des réflexes d’opposition.
L’idée est vraiment de faire confiance à son cheval et donc de le laisser relativement libre (libre de regarder à droite ou à gauche) du moment qu’il écoute bien les consignes. 

De la même façon, on peut se souvenir de cette règle essentielle : quand le cheval réagit bien et fait ce qu’on lui demande, il faut arrêter tout de suite toute stimulation. 

Une adaptation constante

Quelle que soit la méthode et les exercices qu’on choisit pour travailler avec son cheval, il va falloir s’adapter à son cheval et à soi-même, écouter des deux côtés. Que ce soit à pied ou à cheval d’ailleurs.
Pourquoi s’adapter ? Parce que nous ne sommes pas des robots et nos chevaux ne sont pas des machines : des deux côtés il y a des émotions, des facilités, des difficultés. Il va donc falloir écouter : s’écouter et écouter le cheval.
Le travail à pied ne se fera pas au même rythme pour chaque cheval et chaque cavalier puisqu’il va falloir

  • s’adapter aux difficultés et aux progrès du cheval
  • s’adapter aux difficultés et aux progrès du cavalier.

Il va donc falloir être patient aussi et ne pas trop se presser. C’est comme si on essayait de forcer un enfant qui apprend à nager à sauter dès les premières séances dans le grand bain alors qu’il a peur et que la première des étapes serait déjà de lui faire aimer l’eau, de lui montrer qu’on peut jouer avec l’eau, là où on a pied.

Travail à pied cheval : des exercices qui doivent devenir une habitude

Pour que l’apprentissage soit complet, Véronique de Saint Vaulry conseille que ces exercices deviennent une vraie routine quotidienne. Chaque moment est un exercice : quand on va par exemple du pré à l’aire de pansage, on pense aux distances.
Le PAD c’est en fait bien plus que quelques exercices à faire avec son cheval, c’est une philosophie de vie pour la relation avec son cheval.
Et soyons d’accord, il en existe plein d’autres.

Le travail à pied essentiel dans chaque discipline

Il y a beaucoup de disciplines en équitation (voir le site de la FFE qui les liste). On peut en nommer quelques unes : saut d’obstacles, dressage, équitation western, endurance, voltige, randonnée à cheval, polo, hunter, pony games, etc.
Ce qui est amusant, c’est que le travail à pied est en fait la base de toutes ces disciplines, et est nécéssaire pour toutes.
Et c’est vrai que parfois, en club, on l’oublie ou elle peut intéresser moins les cavaliers quand pourtant, on vient de le voir avec par exemple la méthode du PAD, le travail a pied a de multiples avantages.

N’hésitez pas à vous procurer le livre Le Cheval d’extérieur, l’éduquer, le dresser. C’est une mine d’or pour travailler la relation avec son cheval et son éducation. Une lecture vraiment intéressante pour tous les amoureux des chevaux.

Et vous, avez-vous un exercice à pied avec votre cheval qui vous a permis de construire une relation fiable, stable et sécurisée ?

 

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