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Interview : 17 questions à Leny, dirigeant de Cheval Nature

Bonjour !
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Bonjour à tous, aujourd’hui je vous propose une première interview. J’ai posé des questions à mon ami Leny, dirigeant de Cheval Nature en forêt de Rambouillet.
C’est un très bon ami  et c’est grâce à lui que j’ai rencontré Oural puisque c’était l’un de ses chevaux. Je me rappelle encore de ma première balade avec Oural, une balade de rêve où je m’étais dit tout du long que ce cheval était juste magique. C’était il y a 12 ans. C’est là bas aussi que j’ai commencé à faire mes premières balades seule avec Oural.

Bref, vous l’avez compris, Cheval Nature a une place particulière dans mon coeur, c’est d’ailleurs grâce à eux que j’ai continué l’équitation à un moment où j’aurais pu je pense arrêter : je montais en manège en banlieue parisienne mais j’y allais sans entrain et avec même à la fin la peur au ventre parce qu’un cheval en boxe avait failli me taper avec ses postérieurs à plusieurs reprises. J’étais allée voir le moniteur pour demander un peu d’aide mais la seule réponse que j’avais eue avait été : “On est galop 6 et on n’est même pas capable de préparer son cheval ?”.
Les balades à Cheval Nature, à cette époque, étaient ma bouffée d’oxygène de cavalière alors je suis très heureuse que Leny se soit prêté au jeu de l’interview.

Sommaire de l'article

Est-ce que tu peux te présenter ?

“Depuis quelques années, je suis dirigeant d’un centre équestre de balade à cheval en forêt de Rambouillet, on fait de la location de chevaux pour l’extérieur

On essaie de proposer une pratique de l’équitation pour tous, quel que soit le niveau, sans pression, sans prise de tête, juste le plaisir de monter à cheval. On fait ça depuis une trentaine d’années, en famille. ça marche bien, on a une bonne clientèle, l’activité convient à pas mal de personnes.”

La location de chevaux à la balade, c’est une activité assez rare, comment l’idée est venue et comment elle a été mise en place ?

“J’ai toujours connu ça car j’étais tout petit quand mon père a commencé. À l’époque il y avait énormément de collègues, il y avait du monde qui proposait ce genre d’activités. Et on s’est retrouvé assez seul à faire ça pour sans doute plusieurs raisons : beaucoup se sont arrêtés à l’âge de la retraite et personne n’a repris. À chaque fois les clubs étaient rachetés pour les installations mais plutôt pour faire du club ou de la pension. Et les personnes qui ont voulu se lancer dans l’extérieur et le tourisme équestre ont plutôt choisi de faire des balades accompagnées.

Nous c’est resté, ce créneau est hyper demandé, aujourd’hui je ne me vois pas dire “non demain on accompagne tout le monde”, ça nous enlèverait une grande partie de la clientèle, ça coûterait cher à moins de tomber dans le défaut des balades avec 15 personnes, quel que soit le niveau et beaucoup de déçus.”

Le fait de pouvoir partir en autonomie en balade c’est un critère déterminant pour les cavaliers qui viennent ?

“Pas tous mais énormément. Ils veulent être libres, le côté “ je pars, je fais ce que je veux”. ça inclut par contre pas mal d’autres problèmes pour nous, notamment vous pouvez faire ce que vous voulez mais pas trop quand même !”

Comment tu fais justement pour donner ta confiance au cavalier ?

“C’est pas tant un problème de confiance. Y en a qui n’osent pas trop au départ, ils vont préférer partir un peu accompagné au début et au bout d’un moment ils se sentent donc ils partent seuls. Pendant très longtemps on ne faisait pas payer l’accompagnateur, maintenant on fait payer l’accompagnateur car c’est mine de rien un salaire et puis pourquoi faire payer la même chose à quelqu’un qui part seul sans accompagnateur ? On a donc un supplément accompagnement.
Le plus gros problème c’est de dire voilà je le laisse partir seul mais j’espère qu’on va pas me ramener le cheval complètement rincé. Le cheval je lui fais confiance.

Pour pallier à ça, comment fais-tu ? Les débutants partent-ils seuls ? Y a-t-il un niveau minimum ?

“Alors effectivement il y a un niveau minimum pour partir seul.
J’ai toute confiance en mes chevaux, on a quelques chevaux pour confirmés mais on a surtout des chevaux peu compliqués, pour tous niveaux, hyper fiables et calmes.
Si on ne sait pas monter, le cheval va rester là et manger de l’herbe. Si on n’a pas le niveau suffisant, on ne risque donc pas grand chose niveau sécurité sauf de rien faire !

Souvent on parle d’un galop 3 en niveau minimum, mais on se rend compte qu’un galop 3 peut ne pas sortir du club avec les chevaux parce que le cheval a décidé qu’il allait plutôt manger de l’herbe dans le club. Les gens n’insistent pas, redescendent.
En dessous d’un certain niveau ça ne fonctionne pas, on va accompagner, et différemment selon le niveau des cavaliers (débutant ou galop 3 c’est pas les mêmes balades et l’idée c’est qu’on se fasse plaisir).”

Au niveau des chemins, comment ça se passe ? Tu leur indiques la route ?

“On donne des petites cartes et on conseille des itinéraires pour pas que les gens se retrouvent à faire que de la route. On leur donne un itinéraire type qui colle à la durée demandée en essayant d’expliquer le mieux possible avec un maximum de détails.
Après avec les téléphones maintenant les cavaliers se débrouillent un peu et puis les chevaux savent rentrer. Le cheval, il rentre quoi qu’il arrive. “

coucher de soleil et champ de colza

Je voulais te demander aussi quelles étaient pour toi les qualités du cheval d’extérieur.

“C’est des chevaux qui sont pas peureux, assez courageux, qui ont le pied sûr, gentils, qui vont pas faire de blagues, fiables, il faut pas que parce que le cavalier fait n’importe quoi dessus le cheval dise “aller hop toi t’es gentil tu descends et moi j’y vais” donc on cherche des chevaux en qui on peut avoir confiance.
On essaie de trouver des chevaux assez confortables mais c’est pas notre priorité. On a pris des espagnols pendant un temps, on n’en a quasiment plus et je suis pas sûr d’avoir envie d’en reprendre car ils sont assez compliqués et aussi très fragiles et moins endurants.”

Petite parenthèse, si cette question vous intéresse plus particulièrement, j’ai essayé de dresser le portrait du cheval d’extérieur idéal

Quelles races de chevaux sont top pour partir en extérieur ?

“On aime bien les trotteurs français, ce sont des chevaux gentils et souvent pas trop chers.
On a aussi des selles français à Cheval Nature et des chevaux espagnols.
Y a pas que ces chevaux là mais nous on les connaît bien, on arrive plus facilement à trouver celui qui va bien.”

Si on revient aux trotteurs français, tu les prends jeunes c’est ça ?

“Oui c’est ça, on les achète en sortie d’entraînement parce qu’ils n’ont pas les capacités nécessaires pour gagner des courses. Ils sont peu chers mais c’est quand même de moins en moins le cas.

Les petites associations peuvent nous poser problème : ils veulent sauver les chevaux ce qui est bien mais ils nous les « piratent » un peu les chevaux et derrière nous on galère. Quand on va les voir pour acheter un cheval d’une annonce ils ne veulent pas nous le vendre car ils pensent “ah bah non vous êtes un club on veut pas vous le vendre” parce que comme on est un centre équestre de location de chevaux ils pensent qu’on va maltraiter les chevaux, ne pas les respecter (mentalité un peu limite) et quand ils sont pas forcément contre travailler avec nous et qu’on demande si le cheval est débourré ou pas, il peut ne pas l’être mais coûter deux à trois fois plus cher. Du coup le même cheval coûte plus cher mais ils n’ont rien fait avec à part peut être le dentiste donc pour le coup on bloque un peu.
Mettre trois fois le prix du cheval s’il a été travaillé et qu’il est monté je suis pour, ça me fait gagner du temps mais parfois ce n’est pas le cas.

Un réformé qui arrive à Cheval Nature, quel est son programme pour devenir un cheval de balade ?

“Souvent ce sont des trotteurs qui ont fait des entraînements mais qui n’ont pas couru. Ils sont à peine débourrés. Donc on les récupère, on les met au pré, on les manipule un petit peu mais surtout on les laisse s’intégrer à leur nouvel environnement. On leur saute pas dessus direct. On veut voir le caractère, le comportement du cheval, s’il a pas de problème majeur et puis après on les travaille petit à petit, tranquillement, débourrage “en douceur”. On ne fait pas d’éthologie à proprement parler mais on prend le temps, c’est un travail sur plusieurs semaines, tous les jours, pas très longtemps. D’abord à pied, puis on commence à monter un peu dessus.

Quand on commence avec un jeune cheval on va éviter de partir tout seul directement, on va forcément accompagner d’autres chevaux, on va choisir les plus froids parce que si c’est pour que le jeune cheval il commence en ayant l’exemple d’un cheval un peu stressé, qui fait des bonds, c’est pas un bon exemple. Souvent on les sort beaucoup sur des petites promenades débutant d’une heure avec les chevaux les plus froids.

Après c’est une histoire de caractère aussi, si le cheval est un peu fin, un peu sensible, il sera forcément plus réactif à son environnement et là après c’est une histoire de cavalier. C’est là dessus qu’on commence à freiner un peu, ces chevaux là qui sont super sympas à monter, c’est des chevaux qui peuvent être un peu moins calmes en extérieur.”

L’extérieur amène plein de situations différentes, des situations qui peuvent faire peur au cheval. Comment faire pour que cette réaction de peur diminue voire disparaisse ? 

“Déjà, on essaie de prendre des chevaux courageux, pas peureux, pour qu’ils s’habituent rapidement à l’extérieur. Après comme ils vivent dehors, ça joue, ils sont confrontés naturellement à tous les bruits de l’extérieur. On a les faisans qui viennent manger avec eux donc quand ils croisent un faisan dans un champ ils ne font pas un bond sauf si le faisan déboule de nul part. Y a un moment on ne peut pas demander à un cheval de ne pas sursauter si un truc lui arrive comme ça un peu brutalement dans les jambes.

On nourrit les chevaux avec un quad, que ce soit les granulés ou le foin, donc y a un moment où le quad ils n’en ont plus peur et quand ils en voient en balade pour eux c’est quelque chose de connu, les motos ça fait le même bruit. On passe tous les jours avec le tracteur télescopique, les premières fois quand on arrive les chevaux s’en vont et au bout de quelques jours, semaines, ou mois, ils n’en ont plus rien à cirer. Donc quand on croise un tracteur en balade c’est connu, tout va bien.
Les mettre en contact avec ce qu’ils vont potentiellement avoir à rencontrer qui serait susceptible de leur faire peur c’est de la désensibilisation, c’est assez logique d’ailleurs que ça aide, ça les habitue. »
Pour plus d’infos, vous pouvez aller voir cet article sur le cheval qui a peur des voitures

cheval alezan et cheval bai

Si on parlait maintenant des qualités du cavalier d’extérieur ?

C’est l’écoute du cheval, là où on a le plus de souci c’est des cavaliers qui sont pas capables de s’adapter au cheval. Ils ont tellement l’habitude d’avoir des chevaux de carrière qui sont rompus au travail de carrière que souvent ils ont trop de main, ils tiennent les chevaux trop serrés et quand on leur dit “bah non c’est trop court, laissez les rênes”, eux pensent les avoir lâches alors qu’il manque bien 40 cm de longueur. Là c’est compliqué parce que comme le cheval n’aime pas avoir les rênes hyper tendues (nous on les monte très rênes longues), le cheval n’a qu’une envie c’est qu’on lui foute la paix.
Un cheval d’extérieur ce n’est pas un cheval de carrière, on ne monte pas de la même façon.

Après c’est le respect de l’animal. Quand on est en carrière avec un moniteur qui nous fait faire des trucs, c’est le moniteur qui fait arrêter les exercices. Nous quand on laisse partir les gens deux ou trois heures, c’est aux cavalier d’être responsables du cheval, on sera pas là pour leur dire “là c’est trop”. On sera là pour leur dire que c’est beaucoup trop pour le cheval mais quand c’est trop tard donc là c’est repos.

 

chemin de balade à coté de Cheval Nature

Je me demandais si tu ferrais encore les chevaux à Cheval Nature.

“Oui, je le fais pour quasiment tous les chevaux de Cheval Nature. On le fait à deux, mon père et moi.”

Si on parle balade et ferrure, est-ce qu’il y a des choses particulières pour la balade ?

“On a des chevaux qui tournent pas mal et font pas mal de kilomètres.
On a essayé de les déferrer par exemple mais c’est pas possible, il y a un long moment où le cheval ne marche plus donc on les ferre. On prend des fers un peu plus épais pour que ça tienne plus longtemps, au-delà de quatre semaines.
Après en fonction du cheval on adapte aussi la ferrure, classique si pas de problème particulier, ou on adapte.  Les chevaux qui ont la sole plus sensible, on leur met des plaques.

On adapte surtout la ferrure au pied du cheval, pas forcément à la balade à part pour la question de l’épaisseur du fer.

On ne cure pas les pieds comme ça ils ont la sole un peu plus dure et plus résistante.” 

Question matériel : comment trouver le bon filet, le bon mors quand le cheval arrive à l’écurie ?

C’est empirique. Les jeunes chevaux on commence toujours avec des mors un peu légers et on voit comment ils réagissent.
Si on voit que c’est un cheval qui est pas sensible à la main on va avoir tendance à mettre un mors (alors on a coutume de dire plus dur mais en fait le mors est dur si la main est dure), nous on n’a pas de problème avec l’idée des pelhams qui sont souvent mal vus mais si on tient pas les rênes on sait juste qu’on a un peu de freins si besoin, le cheval est mieux avec un pelham qui ne sert pas plutôt qu’avec un mors simple trop serré, après c’est chacun son école.

Certains ne supportent pas la gourmette donc on change.
Chez nous ils ont tous soit des goyos (petits mors brisés avec une gourmette) soit des pelhams.

On essaie, on voit comment le cheval se comporte le mieux avec tel ou tel mors. S’il se comporte très bien avec un mors, on ne va pas changer.
Si on sent que ça manque de frein on va monter un peu en puissance histoire de dire t’es gentil mais quand on te demande de t’arrêter quand même, on est dehors donc y a des routes, attention.
Mais grosso modo on a 90% de goyos.”

Est-ce que Cheval Nature continue les activités avec l’ONF et la police ?

“Oui, cette année on a une vingtaine de chevaux loués pour la saison de l’été.”

Du coup tu vas acheter de nouveaux chevaux que tu vas former et cet hiver tu vas te retrouver avec énormément de chevaux, comment tu fais ?

“Alors on vend de plus en plus de chevaux. Avant on vendait un ou deux chevaux par an, maintenant on est plus à 5-6 par an et on communique un peu plus sur le fait qu’on vend des chevaux d’extérieur clés en main.”

Merci Leny pour tes réponses à mes 18 questions !

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1 commentaire pour “Interview : 17 questions à Leny, dirigeant de Cheval Nature”

  1. Trop bien ! Je me suis régalé a lire l’interview. Cheval Nature ❤️

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