Bonjour !
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On connait tous l’expression “les bricoleurs du dimanche”, ce “du dimanche” qui renvoie à un profil plutôt amateuriste, à une sorte d’inexpérience. Si maintenant on posait la question : le cavalier de balade est-il un cavalier du dimanche ?
Vous imaginez bien que je ne vais pas répondre oui à la question mais regardons d’abord les apparences avec deux photos ci-dessous : une photo quand je montais en carrière et en manège et que je faisais du dressage, de la mise en selle et du saut (la photo date d’il y a 15 ans), et une photo d’il y a quelques mois où je suis rênes longues et je tiens mes rênes à une main. On ne voit pas mon autre main mais elle est posée tranquillou sur ma cuisse droite.
Sommaire de l'article
- 1 Derrière les apparences
- 2 Comment je monte maintenant dehors
- 3 Comment m’est venue cette façon de monter rênes longues ?
- 4 L’équitation et ses disciplines
- 5 Pratiquer plusieurs disciplines avec son cheval ou son poney ?
- 6 Pourquoi les rênes longues en balade sont vraiment intéressantes
- 7 Le pas libre de Véronique de Saint Vaulry avec les rênes longues
Derrière les apparences
En apparence, je suis complètement détente sur ma photo de balade (rênes longues, jambes qui n’agissent pas) et assez active sur ma photo en manège (rênes ajustées, on voit que j’ai les jambes au contact).
L’idée aujourd’hui est d’aller au delà des apparences pour montrer que les cavaliers de balade ont pour eux un panel d’actions qui se révèlent très différentes des actions en carrière et en manège.
Il s’agit de deux équitations différentes, il n’ y en a pas une meilleure que l’autre, il s’agit juste de s’adapter à sa discipline et à son cheval tout en le travaillant dans le sens de l’activité choisie.
Comment je monte maintenant dehors
Je monte maintenant rênes longues la plupart du temps (je dirais 90% du temps), avec les rênes dans une main. L’autre est tranquillou, libre. Très pratique pour boire de l’eau ou regarder les prochains chemins sur mon téléphone. C’est vrai que quand je quitte l’écurie, on pourrait se dire que je pars peinarde, à la cool et que mon Oural ne va pas travailler. C’est en parti vrai, mais pas complètement.
Pour le trot, il m’arrive d’être les rênes assez détendues aussi, ou un peu plus au contact, cela dépend (trotter les rênes détendues, en pleine nature, sans pression, c’est une sensation géniale aussi).
Assez souvent, quand je qualifie la façon dont je monte maintenant ce sont des mots en fait plutôt négatifs pour dire en réalité (je pense) quelque chose de positif. Il m’est souvent arrivée de dire que j’étais comme un fantôme sur Oural, ou alors assez flemmarde (je ne fais quasiment rien maintenant quand je monte à cheval, j’utilise très peu les aides classiques, notamment les mains et les jambes), cela pourrait aussi s’apparenter à de la nonchalance, à une certaine passivité.
Ces mots négatifs, il viennent notamment du fait que je compare ma façon de monter de maintenant en extérieur aux bases classiques que j’ai appris en carrière et en manège.
Mettez un cavalier en cours de dressage rênes longues pendant 90% de la séance, le moniteur lui demandera sûrement de se réveiller et d’ajuster ses rênes ou lui dira que ça y est les vacances sont terminées !
Mettez un cavalier en promenade les rênes ajustées quasiment tout du long, le cheval et le cavalier risquent d’avoir un coup de chaud et d’expérimenter l’effet cocotte minute.
Adapter son équitation au lieu où on la pratique et à la discipline choisie semble donc une première piste.
Cet article est aussi une façon de chercher des mots positifs pour cette nouvelle façon de monter qui arrive en troisième position et que je compare donc inévitablement aux deux premières (classique et western).
Par quoi remplacer flemmarde et passive ? Par énergie intérieure ?
Par quoi remplacer nonchalance ? Par zénitude ? Sérénité ? Décontraction ? Tranquillité avisée ?
En fait, je suis vraiment détendue pendant mes balades, mais j’ai toujours une oreille attentive à ce qui se passe dans les alentours et à ce que fait mon cheval. Il peut y avoir un écart par exemple, et si je suis comme un chamallow sur mon cheval, molle et endormie, je risque bien de me retrouver par terre. J’ai toujours un coin de pensée aux aguets, une attitude en apparence endormie mais en fait réveillée. Il y a les apparences, et derrière les apparences.
Comment m’est venue cette façon de monter rênes longues ?
Non, ce n’est pas Maximus dans Raiponce qui m’a donné l’idée de monter rênes longues mais j’adore le voir dans le film flairer le sol tout à fait librement !
Les quelques semaines que j’ai passé dans un ranch au fin fond du Nevada sont un premier élément de réponse. Avec les cowboys, j’ai réappris à monter à cheval, j’ai découvert une autre sorte d’équitation. Je me rappelle très bien mon premier galop : j’étais ravie de galoper avec comme seule barrière l’horizon devant moi mais en fait, j’étais rêne longue et je ne savais pas du tout comment arrêter ce super galop.
Cette sensation était grisante mais effrayante en même temps : on peut être galop 6 et pourtant être perdue du haut de sa monture. Belle leçon d’humilité. Il y a plusieurs façons de dresser un cheval, au cavalier de s’adapter et de faire ensuite évoluer sa monture s’il le souhaite, selon sa discipline.
Le deuxième déclencheur a été de découvrir qu’en fait ma passion pour l’équitation changeait. Je n’avais plus envie de tourner en rond, j’avais envie d’aller tout droit !
En parallèle, j’ai continué les cours en manège et le weekend, on allait dans la forêt de Rambouillet monter à cheval. Et puis un jour d’hiver, je ne suis pas allée à mon cours dans le centre équestre. La semaine suivante non plus. Mais je suis retournée à Rambouillet.
L’équitation et ses disciplines
Un grand nombre de disciplines
L’équitation est un sport en fait très général, avec de nombreuses disciplines :
- dressage
- CSO
- voltige
- balade et randonnées à cheval
- l’équitation western
- cirque équestre
- tir à l’arc à cheval
- l’attelage
- les courses
- l’endurance
- le Trec (techniques de randonnée équestre de compétition)
- le horseball
- le travail à pied
- le polo
- les pony games
- l’equifeel (exercices ludique à pied)
- l’equifun (parcours ludique chronométré à cheval), etc.
En plus de ça, vous pouvez avoir une attirance plutôt pour la compétition ou pour le loisir.
Les envies changent souvent au fil des années : adolescente j’étais mordue de compétition de CSO. Maintenant, j’ai envie d’une équitation de loisirs, en extérieur, avec pourquoi pas quelques challenges, mais une chose est sûre, pas de compétition officielle.
Et ce qui est génial c’est que selon que vous faites de l’équitation western ou du tir à l’arc à cheval, ou de la voltige ou de la randonnée, vous n’allez pas monter de la même façon.
Monter à cheval c’est s’adapter :
- au lieu dans lequel on monte,
- au type d’activité qu’on réalise avec son cheval,
- au cheval qu’on monte.
Ce que j’appelle ma nonchalance, ma flemmardise étaient en fait une façon de m’adapter à ma nouvelle pratique de l’équitation et à mon cheval.
J’ai très vite compris qu’avec Oural, avoir les rênes ajustées était la meilleure façon de l’énerver, de le mettre mal à l’aise, de le faire trottiner, grincer des dents, etc.
À l’inverse, rênes longues, il s’apaise tout de suite tout en gardant son énergie avec un pas dynamique. Dès que j’ai compris ça, je suis montée rênes longues, en mode un peu fantomatique : très peu de main, très peu de jambes, mais une utilisation de l’assiette, du poids du corps (accompagnement du cheval, buste en arrière, en avant, en équilibre, etc.) et de mes doigts que je serre sur les rênes sans tirer.
Pour ralentir, par exemple, je mets mon poids du corps un peu en arrière, je sers les doigts sur les rênes, je lève un peu les mains.
Il nous a fallu assez peu de temps pour nous comprendre tous les deux, une seule balade en fait, et c’est pour ça que très vite, j’ai compris que ce cheval était pour moi le meilleur cheval du monde. J’espère être pour lui la meilleure cavalière possible.
L’équitation dite classique : un socle
Assez souvent, l’équitation « classique » est ce qu’on va apprendre en premier et avoir les rênes ajustées est l’un des premiers apprentissages du cavalier. On apprend aussi à développer l’ensemble des aides : jambe au contact et pressions pour avancer, assiette qui suit de plus en plus le cheval, travail sur le poids du corps, apprentissage des rênes d’ouverture, des rênes d’appuis, trotter enlevé, arrêter le cheval, partir au galop, travail de la souplesse du cheval avec les déplacements de hanche, les sessions à la jambe, etc. L’équitation classique est très riche et j’ai adoré l’apprendre.
Quand on passe à la balade à cheval, tout ce qu’on a appris en équitation classique est donc un vrai +, une base solide : on connait déjà l’univers du cheval et ses allures, les différentes aides, les réactions du cheval, on a une bonne assiette, un bon équilibre.
Mais les années passées en manège et en carrière peuvent aussi se révéler être une difficulté : pas évident en effet de tenter les rênes longues quand on a appris à les avoir ajustées 90% du temps. Pas évident non plus de penser à l’option « descendre de cheval » pour faciliter certains passages en extérieur. Pour le second, je dois avouer que même encore aujourd’hui je n’ai pas toujours l’automatisme !
Pourtant, ce sont deux actions qui constituent pour moi la base de l’équitation d’extérieur.
Pratiquer plusieurs disciplines avec son cheval ou son poney ?
C’est bien sûr possible et un cheval, dans sa vie, va en général en pratiquer plus d’une.
Oural est un trotteur, tout jeune il a donc fait des courses de trot. Avec lui je fais de la balade et de la randonnée exclusivement en ce moment, mais on a fait aussi du dressage, un peu d’obstacle et du travail à pied notamment en liberté.
Un cheval d’extérieur ou une jument d’extérieur peut donc faire du dressage et de l’obstacle, tout comme un cheval d’obstacle peut faire de la balade ou un cheval de dressage tester le tir à l’arc avec son cavalier. C’est même enrichissant et relativement amusant pour les chevaux comme pour le cavalier d’essayer différentes disciplines.
Selon le cheval et le cavalier, il va falloir plus ou moins d’entrainement et de nuances dans la façon de monter : certains chevaux habitués au manège se feront très vite à la monte rêne longue des balades et cela va les détendre, d’autres seront étonnés de ce changement abrupt qui pourrait les perturber, les stresser, l’idée est donc de tester, et de voir comment votre cheval réagit.
Quand je montais à poney et à cheval en club, je faisais beaucoup d’obstacle et de dressage, mais j’ai testé aussi des stages de pony games, de polo et de horse ball, et c’était avec les mêmes chevaux et poneys.
J’aime bien l’idée de tester différentes disciplines pour voir ce qui plait au cavalier et au cheval, et aussi quelles sont les prédispositions.
C’est un peu comme avec les enfants : je trouve super de leur faire tester différents sports au départ pour les aider à trouver ce qui va leur plaire et le sport pour lequel ils auront peut-être plus de facilités.
Selon les disciplines qu’on pratique, notre façon de monter change et s’adapte et avec un peu d’entrainement, le cheval peut comprendre et passer de l’un à l’autre sans problème : il s’adapte aussi. Pour cela il va suivre plusieurs indicateurs :
- le lieu
- le matériel (obstacles, licol, filet, ballon, sacoches, etc.)
- le comportement du cavalier.
Pourquoi les rênes longues en balade sont vraiment intéressantes
Ma lecture des vacances était passionnante : j’ai découvert Le Cheval d’extérieur de Véronique de Saint Vaulry. Ce livre est une mine d’or, qui mettait des mots sur certaines sensations que j’avais, sur des actions instinctives que je réalisais sans jamais les analyser. Ce qui est sûr c’est que je vous reparlerai de ce livre dans plusieurs articles.
Après l’avoir lu, je peux vous lister plus précisément les avantages des rênes longues en balade :
- la tête dégagée, le cheval peut regarder partout, il est donc plus serein car il se sait libre de ses mouvements, il sait que sa vision n’est pas limitée par la main du cavalier
- si besoin le cheval peut flairer quelque chose qui l’intrigue, une bonne façon d’apprivoiser la nouveauté et de travailler sur la curiosité
- le cheval est plus confortable, son mouvement de balancier n’est pas gêné par la main du cavalier, il n’y a pas de tension
- sa respiration est plus libre
- s’il trébuche il ne subira pas d’à-coups de la main du cavalier et pourra de lui même se rattraper et donc travailler son équilibre
- il peut chasser une mouche qui l’embête plus facilement en bougeant la tête
- le cavalier peut faire d’autres choses comme il est rêne longue et tient le bout des rênes dans une main (jeter un oeil sur l’itinéraire par exemple). Attention, je ne dis pas de faire un picnic sur le dos de votre cheval ou de lire Harry Potter ;-).
Pour connaitre la marque de mes rênes, vous pouvez consulter cet article. A l’époque, j’avais eu du mal à trouver des rênes vraiment longues. D’ailleurs, de nombreux cavaliers créent même leurs propres rênes.
Petite vidéo maintenant pour vous montrer ce que ça donne en images, au pas, pendant une balade. Vous allez voir, l’ambiance est détendue, calme, sereine. Les rênes longues apaisent : pas de tension, pas de pression, et la possibilité pour le cheval de regarder autour de lui, de chasser les mouches si besoin.
Attention, cela ne veut pas dire pour autant que je ne suis pas concentrée sur la route et sur les potentiels éléments dangereux auxquels on pourrait se retrouver confrontés.
Le pas libre de Véronique de Saint Vaulry avec les rênes longues
C’est l’allure de base de la promenade : “L’attitude apparaît d’elle-même, quand la liberté d’encolure se combine avec le balancement de l’allure. Il faut donc travailler à se faire oublier : les rênes tenues à la couture décrivent un bel arrondi et la main est posée à proximité du garrot. Les jambes sont relaxées et passives. L’assiette, détendue, balance de droite à gauche avec le mouvement des postérieurs… Autant le corps du cavalier est passif, autant son cerveau doit rester actif.”
Je préfère ici la citation plutôt que de reformuler car ces mots ont vraiment eu un écho en moi. “se faire oublier”, “passivité” : encore des termes à connotation négative pour parler en fait de libertés. Liberté d’allure du cheval, liberté du cavalier qui décide de faire confiance à son cheval, de lui donner le premier rôle, tout en étant prêt à le reprendre s’il le faut.
L’équitation est un sport de nuances. Un sport avec tellement de disciplines. Tellement de cavaliers tous différents, tellement de chevaux tous différents. La solution qui va à l’un n’ira pas à l’autre, mais avec une petite nuance ajoutée ça pourra fonctionner.
Alors si on devait résumer quelle est la bonne façon de monter à cheval de manière très très très très générale, je dirais que c’est un cheval et un cavalier à l’aise et en sécurité qui s’adaptent l’un à l’autre tout en s’adaptant à leur discipline et au lieu dans lequel ils évoluent. Tout simplement.
Et vous, êtes-vous adepte des rênes longues pendant vos balades ?
S’il vrai qu’il y a des pratiques différentes voire des sujets « polémiques », mais, monter « rênes longues » en rando fait partie des sujets consensuels. Il ne me viendrait pas à l’idée d’être « accroché aux rênes » durant 6 à 7 heures et ce durant plusieurs jours. Rênes longues et rênes d’appui font partie de mes pratiques tout comme le fait de mettre pied à terre de temps en temps …
Pour les randonneurs habitués à faire des journées à cheval régulièrement, c’est consensuel en effet. Dans cet article j’avais envie de parler à différents publics et aussi du coup aux cavaliers qui sont plus habitués à l’équitation classique, sous forme de cours en manège et en carrière car lorsqu’ils sortent dehors, instinctivement ils n’ont pas forcément l’idée d’essayer d’avoir les rênes longues puisque les rênes longues veulent dire pour eux : pause, on souffle 3 minutes avant de reprendre l’activité.